Désaccords au gouvernement : Emmanuel Macron appelle chaque ministre à « s’occuper » de ses « affaires »

Publié le 4 juillet 2025 par: Être Heureux
Alors que les tensions internes au sein de la majorité s’exacerbent autour de la question des énergies renouvelables, Emmanuel Macron hausse le ton. Le président veut remettre de l’ordre dans son gouvernement, rappelant que la politique énergétique ne saurait être l’objet de guerres de tranchées partisanes. L’heure est à la discipline.
« Un ministre, ça s’occupe de son portefeuille et pas de celui des autres. » En déplacement dans l’Aveyron ce jeudi 3 juillet, Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots. Agacé par les récentes prises de position publiques de certains membres du gouvernement, il a tenu à rappeler les règles du jeu. « Si on se met à avoir des ministres qui s’occupent de tout, ça ne s’appelle plus un gouvernement », a-t-il lancé, visiblement irrité par les dissonances internes.
Cette déclaration présidentielle intervient dans un contexte tendu : la publication, la veille, d’une tribune dans Le Figaro a jeté un pavé dans la mare. Cosignée par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et figure de proue des Républicains, cette prise de position attaque frontalement la stratégie énergétique actuelle en dénonçant le soutien public à l’éolien et au photovoltaïque, jugés coûteux et inefficaces. Pour Retailleau et ses collègues, seule l’énergie nucléaire mérite d’être soutenue, car elle est « pilotable, peu chère et décarbonée ».
Une ligne gouvernementale réaffirmée
Emmanuel Macron a immédiatement répliqué, défendant une vision plus équilibrée de la transition énergétique. « Il faut faire du nucléaire et du renouvelable », a-t-il martelé, appelant à « ne pas tout caricaturer » et à « sortir des lubies ». Cette réponse, loin d’être une simple mise au point technique, vise à réaffirmer la ligne officielle du gouvernement : une politique énergétique mixte, conjuguant relance du nucléaire et développement des énergies renouvelables.
Le message est clair : il n’y a pas de place pour les initiatives individuelles non validées par l’exécutif. « Il n’y a qu’une politique du gouvernement, c’est celle que je définis », a insisté le président, rappelant que c’est lui qui arbitre les grands dossiers, en concertation avec ses ministres mais sans tolérer les prises de liberté.
Une coalition fragilisée par les ambitions politiques
La prise de parole de Bruno Retailleau, aussi directe que dérangeante, a mis en lumière les fractures qui traversent la majorité élargie. Son message sur X (anciennement Twitter), dans lequel il justifie la position de la droite comme relevant du « bon sens », n’a fait qu’amplifier la controverse. Pour lui, les énergies renouvelables n’ont plus besoin de subventions et le nucléaire doit rester le pilier de la stratégie énergétique française.
Mais derrière ce débat technique, se cache un enjeu politique plus large. Le Premier ministre François Bayrou, invité sur BFMTV, a tenté de calmer le jeu en appelant ses ministres à « l’esprit de responsabilité », tout en reconnaissant la difficulté de gérer une équipe composée de « poids lourds ». Il a pointé du doigt « les campagnes internes, les mouvements politiques », en allusion transparente aux ambitions présidentielles de plusieurs membres du gouvernement.
Bayrou a tenté de rassurer sur la cohérence de l’action gouvernementale. « Il n’y a aucune pagaille », a-t-il affirmé, avant de préciser que « le sujet des énergies renouvelables est arbitré ». En d’autres termes, la ligne est fixée : la France misera sur le nucléaire, mais aussi sur les renouvelables. Aucune marge ne sera laissée aux manœuvres individuelles.
Discipline et unité : les mots d’ordre présidentiels
En coulisses, le message d’Emmanuel Macron vise autant à préserver la cohésion de son gouvernement qu’à prévenir tout éclatement politique. Alors que plusieurs ministres semblent vouloir s’émanciper et jouer leur propre partition en vue de 2027, le président impose un rappel à l’ordre ferme. Il entend maintenir une autorité forte et une ligne gouvernementale unifiée, même dans une coalition hétérogène.
Car pour Macron, la cacophonie ministérielle nuit à la lisibilité de l’action publique. Le gouvernement, dit-il, n’est pas une « classe enfantine ». Chacun doit rester dans son rôle, s’exprimer avec « un tout petit peu plus de nuances », et surtout, se rappeler que l’action de l’exécutif reste avant tout… collective.