Présidentielle 2027 : «Je ne ferme pas la porte», prévient la ministre Aurore Bergé

Publié le 2 juillet 2025 par: Être Heureux
En suggérant qu’elle pourrait bien se présenter à une primaire présidentielle pour 2027, Aurore Bergé a glissé un « pourquoi pas moi » lourd de calculs politiques. Dans un paysage macroniste en recomposition, où les figures prennent leurs distances avec un héritage devenu pesant, la ministre déléguée choisit de rester au centre de la mêlée — quitte à s’attirer les moqueries.
« Je ne dis pas que je suis candidate, mais je ne ferme pas la porte. » La formule est bien connue en politique : assez vague pour ne fâcher personne, assez claire pour semer le doute. Interrogée sur Sud Radio par Jean-Jacques Bourdin sur sa possible participation à une primaire du « socle commun » en vue de 2027, Aurore Bergé n’a pas botté en touche — elle a entrouvert la porte avec méthode. Et dans un système où la visibilité vaut parfois plus qu’un programme, cela suffit à exister.
Une longévité déjà remarquable en politique
À moins de 40 ans, Aurore Bergé cumule déjà deux décennies de vie politique, débutée dans les Yvelines sous la houlette de Pierre Bédier et de Valérie Pécresse, avant d’enchaîner les fidélités successives à François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet, Alain Juppé… pour finalement rejoindre Emmanuel Macron en 2017. Un virage stratégique qui lui permet d’obtenir le soutien de Juppé contre le conservateur Jean-Frédéric Poisson, alors député sortant.
Ce parcours, certains le qualifient d’opportuniste, d’autres de pragmatique. Mais il témoigne surtout d’une compréhension aiguë des rapports de force. À l’heure où le macronisme vacille, où Édouard Philippe se met en orbite et où Gabriel Attal soigne son image d’homme du renouveau, Aurore Bergé se pose en héritière revendiquée du quinquennat, assumant ce que d’autres préfèrent renier.
L’ombre d’un bilan trop lourd ?
Cette loyauté politique est risquée. Le bilan du macronisme, entre explosion de la dette, tensions sécuritaires et débats migratoires, est devenu encombrant, surtout pour ceux qui aspirent à en écrire la suite. Bergé, fidèle au poste, garde cap et discours droit, quitte à incarner une forme de continuité que les autres candidats potentiels cherchent à esquiver.
On pourrait y voir du panache. Ou de l’inconscience. Ou simplement le sens du timing d’une femme politique rompue aux codes de la Vᵉ République, qui sait que pour ne pas sombrer dans l’oubli, il faut s’inviter dans le jeu, peu importe les chances réelles de victoire.
Une stratégie à la Bruno Le Maire ?
Certains évoquent déjà le syndrome Bruno Le Maire. En 2016, il obtenait à peine 2,38 % des voix à la primaire de la droite, largement battu par ses adversaires, avant de devenir le ministre de l’Économie le plus stable de la Ve République. Aurore Bergé n’ignore pas cet exemple : même une candidature marginale peut ouvrir des portes, surtout si elle s’inscrit dans une recomposition de la majorité.
Le but n’est pas forcément d’être présidente. Le but est d’exister, de compter, de devenir incontournable dans un futur attelage gouvernemental ou partisan. Se déclarer un peu, jamais tout à fait, c’est s’inscrire dans le jeu politique comme une variable que l’on ne peut pas ignorer.
Une mise en scène de la succession
À y regarder de plus près, la scène évoque une forme de théâtre bien rodé. Le lion – comprendre Emmanuel Macron – n’est pas encore mort politiquement, mais chacun sait que 2027 marquera la fin de son règne. Alors les prétendants avancent leurs pions. Et comme le disait Maître Folace dans Les Tontons flingueurs : « Quand le lion est mort, les chacals se disputent l’empire. »
Aurore Bergé a compris qu’il valait mieux faire partie des chacals que d’attendre que le banquet soit terminé. C’est brutal, mais c’est la règle du jeu. Dans cette primaire du futur – encore floue, hypothétique, et sans candidat désigné – elle inscrit déjà son nom, au moins pour l’après.